Le funiculaire de la chocolaterie Suchard (Suisse)
Le funiculaire dit 'Suchard'
Description du funiculaire
Le projet de Henri Ladame consistait à relier directement la ligne de chemin de fer du Jura-Simplon au fond du vallon par un plan incliné descendant depuis de la gare de Serrières.
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Ce plan incliné était un véritable funiculaire à contrepoids d’eau avec deux plates formes circulant sur une voie unique avec un évitement central.
Mais la grande originalité de ce funiculaire c’est qu'il avait été conçu pour transporter des wagonnets de type Decauville sur ces plates formes. Cette configuration permettait ainsi d’assurer une continuité de circulation des wagonnets entre un réseau ferré Decauville à plaques de ripage parcourant tout le vallon afin de desservir les différentes industries et la gare supérieure de Serrières, d’où arrivaient les matières premières et d'où repartaient les produits finis.
L'écartement des rails du réseau Decauville est de 50 cm.
Il est à noter qu’il n’y avait aucun moyen mécanique ou animal pour mouvoir tous ces wagonnets qui étaient poussés manuellement par les ouvriers !
On a souvent associé à tord ce funiculaire à la chocolaterie Suchard, peut être parce qu’il y était situé au centre des bâtiments de la chocolaterie et qu’il y avait une réclame Suchard sur le bâtiment supérieur du funiculaire. En fait le funiculaire a été construit dans un but de desservir TOUTES les industries du vallon et pas seulement les usines Suchard. Il fut utilisé par les autres industries, et même par les simples particuliers qui avaient des colis à expédier ou à recevoir par la ligne du Jura-Simplon.
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Pour décrire ce funiculaire il n’y a pas mieux que de reprendre la description qui lui a été faite dans "Le canton de Neuchâtel" par Quartier-la-Tente en 1897 :
<< Cette construction, unique en son genre, mérite une courte description :
La Halle supérieure du Plan Incliné, dont la pente est de 60 %,
comprend deux quais de chargement, et est située au sud de la ligne du
Jura-Simplon, à l’extrémité, côté est,
du viaduc de Serrières, au centre d’un palier de 400 m de longueur,
en alignement droit. Deux wagons avec caisse à eau, et à plate-forme
tournante, l’un montant l’autre descendant, alternativement, circulent
sur une voie unique de 1 m de large, ayant en son milieu, un évitement
de 15 m de longueur. Ces wagons, dont le poids est de 3600 kg, transportent chaque
voyage trois wagonnets Decauville chargés chacun de 800 kg de marchandises,
soit ensemble 2400 kg. Le wagon descendant s’arrête en contrebas
du sol, au niveau de la rue du village et les wagonnets qu’il porte sont
dirigés sur rails dans différentes directions, distribuant les
marchandises à chaque usine ou recevant celles qu’elle a à expédier.
Un seul employé, commandant le frein à ruban établi au sommet
du plan incliné, surveille la marche des trains ; si, pour une raison
quelconque, il venait à lâcher son frein, ce frein fonctionnerait
automatiquement et arrêterait les wagons en quelques secondes. Les wagons
sont pourvus, en outre, d’un frein automatique à ressort, assez
puissant pour les arrêter à peu près instantanément,
en provoquant le serrage énergique d’une mâchoire sur le rail,
en cas de rupture du câble. Celui-ci, dit cloisonné, a été fourni
par Felten et Guillaume, c’est le premier de ce système qui ait été employé en
Suisse.
Le parcours des wagons transporteurs étant de 54m7, et la vitesse des
trains de 1m50, les marchandises arrivent à la gare du Jura-Simplon en
36 secondes.
La capacité des réservoirs des wagons transporteurs est de 3500
litres. A vide, la quantité d’eau nécessaire pour les
mettre en mouvement est de 600 litres. Cette eau est fournie par un réservoir
cubant 40000 litres, et occupant toute la partie supérieure du pavillon
qui abrite la station supérieure ; il est alimenté par
une concession du Jura-Simplon et par l’eau de la Serrière. >>
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Outre que ce funiculaire a été conçu pour transporter
des wagonnets Decauville, son autre principale particularité c’est
qu’il y avait un arrêt intermédiaire situé juste
sous l’évitement central.
Cet arrêt intermédiaire permettait de desservir un autre réseau
Decauville à plaques de ripage situé sous le funiculaire à un
niveau intermédiaire
entre le vallon et la gare de Serrières. Cependant la voie Decauville
arrivait au niveau du funiculaire avec un angle d’environ 45° par
rapport à la voie du funiculaire. La plate forme du chariot du funiculaire
devait donc pivoter de 45° pour amener les wagonnets dans l’axe
de la voie à desservir.
La grande curiosité de ce funiculaire était donc d’avoir
des chariots équipés de plate forme porte wagonnets (3 maximum)
et pouvant pivoter.
Reprenons le texte de Quartier-la-Tente de 1897 qui décrit le mécanisme mis en place pour gérer la station intermédiaire :
<< Pour la station intermédiaire, le but a été atteint
au moyen d’un arrêt hydraulique (Hydraulischer Puffer). Lorsqu’il
s’agit de faire arriver ou de charger des marchandises à cette
station, le wagon transporteur n° 1 est descendu, lesté d’un
mètre cube d’eau, jusqu’à la station inférieure
où l’on a préalablement abaissé le mécanisme
qui commande la soupape de vidange des wagons, puis à la station intermédiaire,
on relève, au moyen d’un levier muni d’un disque, le buttoir
calé sur une tige au milieu de la voie, tige qui commande le piston
de l’arrêt hydraulique ; le wagon n° 2, chargé pendant
ce temps à la station supérieure, est mis en mouvement, et en
quelques secondes, remontant le wagon n° 1, vient heurter le butoir qui
entraîne le piston dont nous venons de parler. Le cylindre dans lequel
se meut ce piston étant légèrement conique, l’huile
qu’il contient passe de plus en plus difficilement de l’avant à l’arrière
du cylindre, de façon que la marche du wagon se ralentit peu à peu,
et qu’à la fin de la course du piston, l’arrêt se
produit sans secousse au point voulu. On fait pivoter la plate-forme du
wagon transporteur autour de son axe, les wagonnets placés sur cette
plate-forme sont dirigés sur les voies qui conduisent aux fabriques
et remplacés
par des wagonnets vides ; on laisse échapper l’eau dont
le transporteur avait été surchargé, et le mécanicien,
desserrant son frein, la wagon n° 1, entraîné par le poids
du mètre cube d’eau remonte le n° 2 jusqu’à la
station supérieure pour y être chargé de nouveau.
Le va
et vient des wagons continue aussi longtemps que l’on a des marchandises à descendre
ou à monter de la station intermédiaire. L’opération
terminée, le mécanisme qui commande la soupape de vidange des
wagons à la station inférieure est relevé, le buttoir
de l’arrêt hydraulique est remis en place, et le mouvement entre
les stations extrêmes recommence comme précédemment.>>
La Société du plan incliné a été dissoute
le 31 décembre 1950. Les CFF (Chemins de Fer Fédéraux)
reprennent alors les installations qui fonctionneront jusqu’en 1954,
date à laquelle la chocolaterie Suchard cesse d’utiliser le funiculaire,
ses expéditions étant dorénavant faites par palettes.
Le funiculaire et sa gare supérieure semblent avoir été détruits en août 1954.
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Vue générale du funiculaire avec une partie des usines Philippe Suchard (P.S.).. |
Superbe photo du funiculaire passant sous la rue des Amandiers. |
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Début | 2 juin 1892 |
Fin | août 1954 |
Etat | ![]() |
Type de funiculaire | ![]() |
Type de voies | ![]() |
Energie | ![]() |
Gare inférieure | Vallon de Serrières (453,8 m) |
Gare supérieure | Gare de Serrières (482 m) |
Longueur | 54,70 m |
Dénivellé | 28,20 m |
Pente maximum | 60 % |
Nombre de voitures | 2 |
Poids du wagon transporteur | 3500 kg |
Volume d'eau | 3500 litres |
Poids total | 7000 kg |
Charge utile | 3 wagonnets de 800 kg chacun = 2400 kg |
Diamètre de la poulie principale | 2,50 m |
Quantité d’eau nécessaire pour une course à vide | 600 litres |
Vitesse | 1,5 m/s |
Ecartement | 1 m |
Le funiculaire de la chocolaterie Suchard
Introduction Le funiculaire dit 'Suchard'
- Le vallon de la Serrière
- Description du funiculaire
- Etat actuel